A son adoption, vers 2 mois, le chiot est toujours en phase d’imprégnation, qui dure de sa naissance jusqu’à sa 16ème semaine de vie. Cette période phare comprend des étapes essentielles au développement comportemental du jeune canidé, ainsi de nouvelles expériences doivent impérativement être proposées par l’adoptant. D’autant plus qu’à l’âge de 3 mois démarre la période juvénile, durant laquelle toutou devra consolider ses acquis et acquérir de l’autonomie… tout en devant s’insérer dans notre société et son nouveau foyer. Il lui faudra donc en comprendre les codes comportementaux et sociaux inhérents, et les respecter. S’ensuit la période de puberté, avec tous les changements physiologiques et hormonaux qui impactent son comportement. Des étapes indispensable, où l’adoptant devra veiller à fournir un environnement riche pour la sociabilisation du chien juvénile et en puberté.
Période juvénile : continuer la sociabilisation du chiot
Jusqu’à sa maturité sexuelle, le chiot et le jeune chien apprend, par le jeu de la répétition, son identité propre, ce qui lui permet de s’intégrer pleinement dans son groupe d’appartenance. Il est un chien, non un chat par exemple.
Cette période, dite « juvénile » dure de la 12ème à la 24ème semaine de vie du jeune canidé, mais cela peut varier selon les races et les individus. Durant cette phase d’imprégnation, il va mémoriser toutes les expériences et les informations vécues jusque là, et peut démarrer les apprentissages éducatifs essentiels tels que le rappel, assis, couché, et reste.
De 3 à 4 mois :
A cet âge, le chiot a donc intégré son nouveau foyer et fait connaissance avec ses adoptants. L’instinct de garde et de défense de son territoire se déclenche, le chiot se méfie des inconnus, et les aboiements se font plus francs.
L’attachement envers son gardien commence à se créer, ainsi que les relations sociales à l’extérieur de son nouveau clan familial. Il est important de varier les rencontres, en s’assurant de faire des présentations avec les autres animaux correctement. Et de varier également les lieux de promenades, en multipliant les interactions avec des congénères équilibrés, afin que le petit n’ait que des expériences positives et perfectionne ses codes de communication canine. Il est très important de gérer les séquences de jeux afin de veiller à ce que tout se déroule bien, et d’être prudent lors des sorties pour éviter que le chiot ne se blesse (grilles d’aération, escalators, pattes écrasées sur le marché, etc…).
Voici une liste non exhaustive des lieux à lui faire découvrir, en commençant bien sûr par des endroits calmes puis de plus en plus animés :
- Forêts,
- Campagne,
- Petits villages
- Rues calmes
- Rues animées
- Marché,
- Gare,
- Parcs,
- Sortie des écoles : pour lui apprendre à s’asseoir devant de fortes distractions.
- Aires de jeux des enfants : pour lui apprendre à se canaliser et rester à l’écoute.
- Lui faire prendre la voiture
- L’emmener en transports en commun
- Lui faire rencontrer de nombreuses espèces animales : animaux de ferme, chats, chiens d’autres races, taille, couleur et âges, bien dans leurs pattes,
- Le présenter à toutes sortes de personnes,
- Etc…
Si le jeune chien est toujours chez son éleveur, celui-ci pourra aussi le laisser dans la pièce d’éveil, et lui faire un parcours d’obstacles avec des banderoles et des couleurs vives dans son jardin. S’il est adopté et qu’il découvre son nouveau clan familial, toutes ces découvertes devraient aussi lui être proposées par ses nouveaux gardiens.
L’éleveur testera le chien pour l’inhibition de la morsure : il doit relâcher sa prise si la personne ou l’autre chiot pousse un cri. Il veillera aussi à ce que le petit canidé connaisse les postures de soumission et les signaux d’apaisement. Le chiot devrait avoir acquis une bonne motricité, être serein en sorties à l’extérieur, sans montrer de signes de peur. De même en présence d’inconnus, enfants comme adultes. Avec ses congénères, comme avec les autres espèces animales, curiosité, postures de jeu et appels au jeu doivent primer.
Pour faciliter l’arrivée dans le nouveau foyer, l’adoptant pourra disposer dans le panier du chiot un tee-shirt qu’il aura au préalable porté quelques nuits afin qu’il s’imprègne de son odeur. Il est aussi possible d’y placer un ancien réveil qui fait « Tic-Tac », emballé dans le tee-shirt ou sous l’une des couvertures du panier (sans l’alarme bien-sûr).
Si les battements de l’aiguille peuvent être agaçants pour nous, pour le jeune canidé ils ont une vertu apaisante puisqu’ils reproduisent les battements de cœur de sa maman. Cela facilitera les premières nuits, en évitant que le petit pleure trop, se retrouvant seul pour la première fois. Toutefois, s’il venait tout de même à le faire, il est important de l’ignorer totalement. Il devrait rapidement se calmer, et arrêter totalement ses pleurs après environ 3 jours. En allant le voir ou lui disant de se taire, l’adoptant ne ferait que renforcer ses cris plaintifs dans le temps, le besoin d’attention du jeune canidé étant alors assouvi. Pour faciliter cela, le lieu de repos du chiot devra être éloigné de celui des membres du foyer.
En famille, tout le monde peut s’occuper du nouveau compagnon, mais les enfants doivent comprendre le langage canin et être capables de respecter les codes envoyés par l’animal. Ils devraient toujours être sous surveillance quand ils sont en présence de toutou, et accepter de le laisser se reposer lorsqu’il est dans son panier.
Il est immédiatement possible de commencer l’éducation canine, par les bases, à la maison. Mais aussi de démarrer les « cours collectifs chiots » auprès d’un éducateur canin en méthode positive.
A la maison, le chiot doit apprendre à :
- S’arrêter au cours d’un jeu,
- Ne pas mordiller les mains ou les vêtements,
- Jouer sans tirer : il est très important d’éviter les jeux de traction afin de ne pas favoriser le comportement de prédation,
- Ne pas réclamer : les jeux et caresses devraient être donnés uniquement à l’initiative des gardiens humains. Ainsi, si le chiot vient réclamer une caresse, ignorez-le et patientez quelques minutes après qu’il se soit désintéressé. Ensuite, allez le voir pour le caresser, de vous-même. Idem pour le jeu s’il venait à vous solliciter.
- Devenir autonome et ne pas suivre ses gardiens partout dans la maison comme s’ils allaient disparaître en changeant de pièce : remettez avec douceur votre chien à sa place s’il vous suit, et caressez-le quand il y est en le félicitant. Faites en de même lorsque vous êtes à table pour les repas, cela évitera d’avoir un chiot qui réclame à table.
- Devenir propre progressivement : pour cela, sortir le chiot immédiatement après chaque sieste, chaque jeu, chaque repas ou chaque fois qu’il va boire, puis 30 minutes après à nouveau, et également avant que tout le monde aille se coucher pour la nuit.
Des journaux disposés près de sa couche puis de plus en plus près de la porte-fenêtre ou de la porte-entrée peuvent permettre de lui apprendre la propreté. Ainsi, prenez un tas de feuilles de papier journaux, et imprégnez la première feuille d’un peu de son pipi précédent pour l’attirer à cet endroit.
Une fois le journal utilisé à bon escient par le chiot, conservez la dernière feuille pour la déposer sur un nouveau tas de papiers journaux. L’odeur qui y persiste attirera le petit pour ses prochains besoins. Vous pouvez bien sûr remplacer les journaux par des tapis d’éducation à la propreté.
Dans le jardin, un bac à sable est une bonne solution pour apprendre au canidé à faire ses besoins à un seul endroit. Pour cela, procédez de la même façon en recueillant au préalable un peu de pipi sur un papier, ou un excrément, pour le mettre dans le bac à sable. Autre astuce : quelques gouttes de javel (3 ou 4 gouttes pas plus) mélangées au sable, devraient attirer le chiot à cet endroit pour l’inciter à y faire ses besoins.
Les signes indiquant qu’une consultation auprès d’un comportementaliste est nécessaire :
- Chiot craintif, anxieux, semblant phobique,
- Chiot hyperactif, excité, ne sachant pas se canaliser,
- Chiot avec fortes tendances à mordre ou mordiller.
De 4 mois à la puberté :
En principe à 4 mois le chiot devrait être propre, mais cela peut être plus long pour les petites races. L’inhibition de la morsure devrait être parfaitement contrôlée, et son trot et son galop devraient être plus déliés, moins patauds. Un chiot bien dans ses pattes devrait volontiers rencontrer de nouvelles espèces et des personnes inconnues, sans présenter de crainte.
Il est possible de continuer les cours collectifs chiots, voire de prendre des cours individuels auprès d’un éducateur canin en méthode positive. A la maison, le chiot devrait connaître les commandes de base « assis », « couché », le rappel, la marche en laisse sans tirer, et démarrer le «stop à distance». Pour une éducation durable, il est important de privilégier le renforcement positif pour entraîner le jeune chien, comme le chien adulte.
Les signes indiquant qu’une consultation auprès d’un comportementaliste est nécessaire sont les mêmes que précédemment.
Période de puberté : intensification et modification des comportements du chien
La période de puberté se situe selon les races entre le 5ème et le 12ème mois du chiot, voire 18 mois pour les grandes races et les races géantes, c’est-à-dire jusqu’à l’âge adulte. Le chien est considéré comme adolescent durant cette période charnière durant laquelle il doit vivre une double initiation :
- Acquérir de l’autonomie, en passant de l’enfance à l’adolescence,
- Comprendre et respecter les règles de communication canine et la hiérarchie intra-spécifique en entrant progressivement dans l’âge adulte.
Le jeune canidé poursuit sa sociabilisation, mais la production d’hormones sexuelles se déclenche, ce qui provoque des changements de comportement :
- Si plus jeune le chien présentait des peurs, craintes, ou certains troubles de comportement, ceux-ci risquent de se renforcer à cette période.
- Le mâle manifeste de l’intérêt pour les femelles, et peut commencer à fuguer si des chiennes en chaleurs sont présentes autour de chez lui (jusqu’à plusieurs kilomètres de distance). Il défend son territoire vis-à-vis des autres mâles, et peut se mettre à baver en promenade après avoir senti les marquages urinaires de la femelle en chaleur.
- La femelle déclenche ses premières chaleurs, mais elles sont souvent invisibles pour l’homme car les pertes de sang sont rares et la chienne nettoie derrière elle.
Comme nous l’avons vu dans les stades de vie du chien, il atteint l’âge adulte après 10 mois pour les petites races, 12 à 14 mois pour les races moyennes à grandes, et 18 mois pour les races géantes. Sa croissance est terminée et il acquiert une certaine maturité. D’ici là, il est donc important de continuer à lui faire vivre des expériences sociales positives, afin qu’il entre dans l’âge adulte suffisamment en confiance pour ses expériences de vie futures, et les apprentissages qui en découlent. Pour un compagnon canin très sociable, les rencontres doivent se dérouler sereinement.
Ainsi, durant toute la puberté et au-delà, l’adoptant continuera la sociabilisation de son compagnon canin en continuant de lui faire rencontrer d’autres espèces animales aussi souvent que possible, et en le présentant à nouveau à celles qu’il a connu étant chiot.
Les promenades dans des endroits variés, animés, où il sera susceptible de rencontrer de nombreux humains de différents styles, âges, taille, etc… sont toujours vivement conseillés.
De la même manière, les nouveaux gardiens pourront inviter des personnes à venir dîner chez elles, ou bien sûr se faire inviter et emmener toutou avec elles.
Plus le canidé vivra d’expériences nouvelles, plus il sera bien dans ses pattes et capable d’évoluer sereinement dans notre société.
Niveau éducation, les exercices de base et de sécurité doivent être acquis : assis, couché, reste, retour, stop à distance, marche en laisse, lâcher et laisser sur demande. Le jeune chien expansif devra apprendre à s’asseoir pour dire bonjour plutôt que sauter.
Il peut aussi apprendre à attendre assis sa gamelle au moment des repas, commencer l’apprentissage du stop-assis dans le retour, s’exercer à des exercices funs au clicker tel que le fixe, connaître sa gauche et sa droite, savoir marcher derrière ou en avant en randonnée.
Il est très utile de lui apprendre à accepter le port de la muselière, même s’il ne s’agit pas d’un chien de catégorie car elle est obligatoire dans les transports en commun. De même, lui apprendre à rester dans une caisse de transport peut se révéler utile pour qui aime voyager avec son chien.
Troubles du comportement liés à une mauvaise imprégnation et sociabilisation
Un chiot mal imprégné ratera des expériences indispensables à son développement comportemental et donc à son bien-être social une fois adulte. Les étapes spécifiques que nous avons vu dans les 3 articles précédents :
- « importance d’une bonne imprégnation et sociabilisation »,
- « développement comportemental et sociabilisation du chiot jusqu’à sa 4ème semaine de vie »,
- « sociabilisation du chiot de 5 à 8 semaines » sont donc d’une importance cruciale.
Sans ces étapes, le chiot pourrait présenter des troubles de comportement sévères et donc un handicap social pour le reste de sa vie.
Voici les conséquences liées à l’environnement, classées par date limite à laquelle ces étapes devraient être réalisées :
Durant la gestation :
- Femelle gestante livrée à elle-même, stressée, sans contact ni caresse => chiot craintif, ne supportant pas le contact.
Jusqu'à la troisième semaine de vie du chiot :
- Chiots nouveau-nés non manipulés => chiots avec faible tolérance au contact.
Jusqu'aux 2 ou 3 mois du chiot :
- Rejet de la portée par la mère (ou retrait des chiots à leur mère) et absence d’autres chiens adultes de remplacement => syndrome Hs-Ha.
Jusqu'aux 3 mois du chiot :
- Chiot orphelin, privé de contact avec d’autres chiens => peur de ses congénères, prédation sur les petites races.
- Manque de sociabilisation avec des humains d’une grande variété = peur des inconnus (ou des personnes avec un chapeau si le petit canidé n’a connu que des personnes tête nue jusque là ; peur des uniformes s’il n’en a jamais vu avant ses 3 mois ; etc…).
- Manque de sociabilisation avec d’autres espèces animales => prédation sur les autres animaux.
- Absence de contact avec les enfants => peur des enfants, prédation sur petits enfants.
- Manque de sorties en ville (gares, marchés, rues calmes et animées, …) => anxiété, peur panique, phobie de la ville et des véhicules.
- Manque de stimulations sensorielles grâce à une pièce d’éveil => peurs phobiques diverses (feux d’artifice, pétards, bruits forts, véhicules motorisés…), anxiété.
Jusqu'aux 3 ou 4 mois du chiot :
- Mère peu maternelle qui ne corrige pas ses chiots quant à l’inhibition de la morsure (associé à l’absence d’un chien adulte régulateur qui pourrait s’en charger à sa place) => syndrome Hs-Ha.
Entre les 4 mois du chiot à la puberté :
- Manque d’autonomie de la part du chiot, qui n’arriverait pas à se détacher de son adulte de référence => anxiété de séparation.
- Absence de hiérarchie intra-spécifique et mauvais apprentissage de la communication canine (avec par exemple un chien adulte connaissant mal les codes canins) => agression sur congénères, troubles de hiérarchie.
Nous l’avons dit à plusieurs reprises au cours de cette suite d’articles, le rôle de l’éleveur est donc déterminant pour la future vie du chien. Mais celui de l’adoptant l’est tout autant. Il serait vraiment dommage de prendre soin de choisir un élevage très attentif à l’imprégnation et la sociabilisation de ses chiots, sans continuer le travail derrière.
La période d’imprégnation, c’est-à-dire le moment où les chiots sont capables de « faire les éponges » en absorbant toute nouvelle expérience et tout nouvel environnement aisément, se termine à l’âge de 16 semaines, soit environ 4 mois.
Les chiots pouvant être adoptés à 8 semaines, il reste donc autant de temps aux nouveaux gardiens pour parfaire les premiers apprentissages de leur nouvelle boule de poils. Les 2 premiers mois suivants l’adoption devraient donc être intenses pour les adoptants, afin de préparer au mieux leur nouveau compagnon à sa vie d’adulte.
L’éleveur attentif aura donné tous les conseils nécessaires aux adoptants, qu’il aura choisi avec soin et orienté vers la race idéale pour leur mode de vie. Il restera disponible pour eux en cas de questions qu’ils pourraient se poser les premiers mois, et sera très heureux d’avoir des nouvelles et des photos de ses petits protégés. Il pourra également leur proposer un comportementaliste canin si nécessaire, ou leur conseiller un éducateur canin en méthode positive pour l’école du chiot.
Avez-vous emmené votre chiot partout avec vous après son adoption ? Racontez-nous en commentaires. 😉
Sources :
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