Gérés par le cortex reptilien, que tous les mammifères possèdent, les comportements de réflexes de défense vont être exprimés par un animal en état de panique, quand il pense que sa survie est en jeu. Ce sont des réflexes naturels innés qui, dans le même type de situation, seront utilisés par le chien. Il choisira celui qui aura fonctionné pour lui la dernière fois, dans une même situation de peur. Comment s’expriment les réflexes de défense d’un chien peureux ?
Qu'est-ce que les réflexes de défense du chien
Dans une situation inconnue, un contexte qui déclenche une peur chez le chien, il déclenchera l’un ou l’autre des réflexes de défense suivants :
- Faire semblant : de faire autre chose, comme faire le mort pour certains animaux. Chez le chien, ce comportement est le plus difficile à détecter : il peut se gratter, se lécher, faire semblant de voir une mouche, renifler par terre, etc… Il exprimera ce comportement quand il ne peut ni figer ni fuir, ou que cela n’a servit à rien, et qu’il ne se sent pas la force physique de faire face.
- Figer : le chien s’immobilisera, en se recroquevillant, et utilisera probablement quelques signaux d’apaisement pour tenter de se faire comprendre. Soit vis-à-vis de l’animal ou la chose qui lui fait peur, soit par son gardien pour qu’il le libère de cette situation inconfortable. Le chien utilisera ce comportement s’il se sent suffisamment libre de ses mouvements, en particulier lorsqu’il est sans laisse.
- Fuir : le chien peureux tentera de partir le plus loin possible, le plus rapidement possible. Il exprimera ce comportement quand le fait de figer n’aura pas fonctionné.
- Faire face : gronder, mordre, attaquer. Un chien qui ne peut ni figer, ni fuir, soit parce qu’il est retenu par une laisse, soit parce qu’il est acculé dans un coin, va alors faire face, et risquer d’attaquer, et de mordre. Ce réflexe sera utilisé en dernier recours, lorsque les 3 premiers n’ont pas fonctionné. Mais, si celui-ci fonctionne, le chien qui se retrouvera dans une situation similaire la fois suivante utilisera directement ce 4ème réflexe, sans passer par les 3 autres, puisqu’il est celui qui aura fonctionné pour lui la dernière fois.
Fonctionnement de la mémoire en état de peur
Il est important de comprendre que lorsque l’animal entre dans ses
réflexes de défense, il ne peut plus : manger, apprendre, mémoriser. Inutile donc de tenter de le faire obéir ou répondre aux commandes, même si habituellement c’est un parfait chien très réactif aux ordres.
La seule chose qui fonctionne lorsque le chien entre dans ses réflexes de défense, c’est une partie de la mémoire, où le chien va prendre des dizaines de photos mentales.
La mémoire fonctionne comme une locomotive et ses wagons : la locomotive représente les émotions. Les wagons représentent les comportements qui s’activent à la suite de ces émotions. Nous l’avons vu, il n’y a pas d’apprentissage sans émotions.
Les émotions entraînent donc le ou les comportements. Si l’émotion de base (la locomotive) est la peur, les comportements (les wagons) entraînés par cette peur vont être mémorisés pour être utilisés la fois suivante si cette même situation de peur se renouvelle. En état de peur, les dizaines de photos prisent mentalement par le chien (lieux, odeurs, personnes et/ou animaux l’entourant) lui feront également associer tout son environnement à cette peur.
Schématiquement cela donne :
Situation de peur + environnement
= émotions (locomotive) + comportements de réflexes de défense (wagons) .
Dans une même situation, le chien utilisera le réflexe de défense qui aura fonctionné la première fois.
Donc, si le chien :
- Fait semblant, mais que la situation de peur ne s’arrête pas.
- Fige, mais que la situation de peur de s’arrête pas.
- Fuit, mais que la situation de peur ne s’arrête pas.
- Fait face, et que la situation de peur s’arrête.
Alors il gardera « faire face » comme premier réflexe de défense dans une situation similaire.
Il est donc très important de savoir gérer son environnement et surtout de bien imprégner un chien et de le sociabiliser, pour ne jamais qu’il ait l’occasion d’entrer dans ses réflexes de défenses. Souvenez-vous : nous souhaitons que notre chiot, en période d’imprégnation, n’ait que des expériences positives.
Ceci est d’autant plus vrai lorsque le chien est jeune et qu’il n’a pas beaucoup de « matelas d’expérience ».
Chien peureux et matelas d'expérience : un allié de taille
Le « matelas d’expérience » est le fait que le chien construit son apprentissage avec de nouvelles expériences, et donc avec l’âge, en grandissant et en étant soumis à de nouvelles choses. Notamment grâce à l’imprégnation et à la sociabilisation que pourra lui fournir son gardien.
Comme nous l’avons vu, la période d’imprégnation est comprise entre 3 semaines et 16 semaines de vie chez le chiot. Aussi, le rôle de l’éleveur y est primordial, et la relève que doit prendre le futur gardien l’est aussi. Ensuite, au-delà des 4 mois d’âge du chiot, il est nécessaire de continuer à lui montrer de nouvelles choses, lieux, gens, sons, odeurs, situation, congénères, animaux, etc… de façon à ce qu’il continue de construire son matelas d’expérience, et ainsi éviter qu’il devienne un chien peureux.
Plus le chien grandit, plus il est amené à rencontrer de nouvelles choses, appréhender de nouvelles situations et les assimiler. Il est important, quand il est encore chiot, de le préparer à tout ce qu’il pourrait rencontrer dans sa vie d’adulte, afin que tout se passe bien et que chacune de ses expériences se révèlent positives, de façon à ce que son expérience grandisse de la façon la plus saine et la moins stressante possible.
Evidemment, tôt ou tard le chien sera confronté à des situations plus ou moins stressantes ou désagréables. A nous de dédramatiser chacune de ses situations afin de lui faire voir le bon côté de la chose, ou en tout cas qu’il ne conserve pas en mémoire, dans sa locomotive et ses wagons, une ou des images négatives de cette situation.
Mais comment réagir en cas de peur du chien ? Il se peut que nous ne soyons pas aptes à gérer toutes les situations, ou à nous gérer nous-même lors d’une situation stressante, à risque ou désagréable, notamment lorsque notre chien se blesse. Il peut alors arriver que nous soyons complètement affolés et perdions la maîtrise de nos gestes, notre voix, de ce que va exprimer notre corps. Et comme nous l’avons vu, nos chiens sont d’incroyables lecteurs de nos micro-mouvements et de nos hormones, et grâce à cela ils savent toujours parfaitement dans quel état d’esprit et de forme physique nous nous trouvons…
Il se peut également que nous adoptions un chiot, ou un chien adulte qui présente des peurs irraisonnées ou incompréhensibles pour nous, pour lesquelles nous ne savons plus comment agir.
A ce moment là, il est nécessaire de ré-associer cette peur avec quelque chose de beaucoup moins dramatique qu’il n’y paraît, et ceci en particulier grâce à la zone de relâchement de la peur, et à la technique du B.A.T : Behaviour Adjustement Training, en français : Entraînement et Ajustement du Comportement.
La zone de relâchement de la peur
La zone de relâchement de la peur est la distance à laquelle le chien va de nouveau se sentir en sécurité. Par exemple, si un chien a peur des hommes, ou des autres chiens, il va se sentir en sécurité seulement au delà d’une certaine distance, ce sera son périmètre de sécurité :
Sur le schéma ci-dessus, le cercle rouge représente sa zone de réactivité. Si l’objet de sa peur entre dans cette zone, le chien réagira immédiatement. Incapable de raisonner, ou d’entendre son gardien humain, le chien entrera dans ses derniers réflexes de défense (Fuir et Faire Face). Cette zone est donc à éviter.
Le cercle orange représente sa zone d’évitement. A cette distance, le chien cherchera à éviter l’objet de sa peur, qu’il soit congénère canin ou tout autre chose. Il manifestera des signaux d’apaisement, et ses premiers réflexes de défense (Figer, Faire Semblant, voire déjà essayer de Fuir).
En cas de franchissement de cette zone critique par un être inconnu, menaçant, ou à l’approche d’une situation inconnue, le chien pourra exprimer l’un ou plusieurs des réflexes de défense vus plus haut. Considérés comme des comportements d’adaptation, leur intensité peut varier en fonction de :
- La grandeur de la peur ressentie par le chien.
- Son degré de sociabilisation.
- La qualité de son imprégnation.
Le cercle vert représente sa zone de relâchement de la peur. A cette distance, le chien se relaxe, il est dans sa zone de confort. Il est alors possible de travailler les peurs de son chien grâce à la technique du B.A.T.
Prenons l’exemple d’un chien qui a peur des autres chiens :
Si l’un de ses congénères s’approche et entre dans sa zone d’évitement, notre chien pourra : faire semblant, figer, tenter de fuir, ou faire face si le chien est trop près. Durant ce processus, sa respiration s’accélère, ses muscles se tendent, il se crispe, il tend sa laisse, ses poils peuvent se hérisser sur son dos, il est sur ses gardes et ne répond plus à son gardien. S’il souhaite fuir, il tirera sur sa laisse en sens inverse. S’il ne peut fuir, il peut commencer à grogner.
Mais, si son congénère se tient à distance, au-delà du cercle rouge sur le schéma ci-dessus, notre chien gardera sa laisse détendue, et n’exprimera ni réflexe de défense, ni tension physique ou émotionnelle.
Respecter les zones de confort de nos chiens permet donc :
- D’éviter les situations stressantes pour lui, et les comportements « indésirables » pour les humains (lancer les dents, japper, grogner, mordre, prendre la fuite…) qui ne sont en réalité que des comportements naturels chez le chien, ce qu’il connait pour échapper à une situation délicate pour lui et le ramener dans sa zone de confort.
- D’établir une relation de confiance entre l’humain et son compagnon canin.
Votre chien présente t-il certaines peurs ? Racontez-nous en commentaires, ou rejoignez-nous sur le groupe Facebook pour y échanger avec toute une communauté de passionné.e.s de chiens et de voyages ! 😉
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Bonjour,
Le schéma sur les zones de confort est incorrect. C’est tout le contraire. Plus on se rapproche de l’animal humain ou non humain plus on rentre dans sa zone d’inconfort.
Bonjour, c’est modifié merci beaucoup !
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